Les éleveurs de la Haute-Saône « appelés » à tuer les loups
Dénonçant l’inaction de l’État, le président de la chambre d’agriculture du département enjoint les éleveurs à protéger eux-mêmes leurs troupeaux du prédateur et à « sortir armés ».
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Le président de la chambre d’agriculture de la Haute-Saône a appelé les éleveurs de son département à s’armer et à « taper » des loups afin de protéger leurs troupeaux, dans un courrier publié ce jeudi 3 octobre 2024 par le quotidien régional L’Est républicain.
« Tapez un loup si vous en voyez un ! »
« Je considère que l’État n’applique pas à l’élevage le principe général de protection de “l’intégrité des personnes” et qu’il y a carence de l’État et de la République », dénonce Thierry Chalmin, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Saône.
« J’enjoins donc les éleveurs à protéger vous-mêmes vos biens, à sortir armés et à “taper” un loup si vous en voyez un ! », ajoute-t-il dans ce courrier daté du 23 septembre. « C’est très malheureux d’en arriver là mais ça suffit. »
Contacté par l’AFP, Thierry Chalmin a confirmé ses propos, expliquant qu’ils sont consécutifs à l’attaque d’un loup, qui a tué une vache et huit brebis en septembre dans le secteur de Villersexel.
D’autres attaques ont été signalées dans le département voisin du Doubs, où deux loups « en situation d’attaque » ont été abattus en août sur arrêté préfectoral.
Un risque de désobéissance civile
Le loup est une espèce protégée et en tuer un est punissable de trois ans de prison et 150 000 euros d’amende, rappelle l’AFP. Interrogé sur le risque de voir un éleveur local poursuivi pour avoir tué un loup, Thierry Chalmin a répondu : « On verra bien. »
Dans une lettre transmise à la presse, le préfet de Haute-Saône, Romain Royet, a répondu à Thierry Chalmin. « Je ne peux accepter que vous continuiez à appeler, au nom de la Chambre d’agriculture, les éleveurs du département à agir en dehors de tout cadre légal et à commettre un délit », écrit le représentant de l’État.
« La défense de l’agriculture haut-saônoise en général, et la réponse aux prédations du loup en particulier, méritent d’abord un travail de fond et une forte collaboration de tous les acteurs, loin des postures provocantes et des appels à la désobéissance », ajoute le préfet.
« Est-ce que c’est légal que le loup vienne se servir “comme au McDo” sur nos troupeaux ? Il faut que la peur change de camp, que le loup réapprenne à avoir peur des hommes. » Thierry Chalmin a dit ne pas redouter des poursuites pour incitation à la désobéissance civile.
« Contre le loup, il n’y a rien qui marche », a-t-il assuré, citant un cas où un canidé est parvenu à entrer dans un bâtiment agricole pour attaquer le bétail. « Même dans un bâtiment, les animaux ne sont pas protégés », dénonce-t-il.
Le statut du loup abaissé
L’Hexagone compte environ un millier de loups, dont 20 % sont prélevés chaque année. En 2022, les indemnisations pour des dégâts causés par les loups se montaient à quatre millions d’euros.
Les États membres de l’Union européenne ont donné leur feu vert mercredi 25 septembre 2024 pour abaisser le statut de protection du loup, allant dans le sens des éleveurs malgré la levée de boucliers des associations écologistes.
L’Union européenne veut passer d’une « protection stricte » à une « protection simple », qui permettrait d’éliminer plus facilement les loups quand ils sont jugés trop nombreux dans certaines régions, avec des quotas de chasse.
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